Les erreurs fréquentes dans l’accompagnement des sportifs amateurs : vers une approche plus globale
Accompagner des sportifs amateurs est un défi stimulant : ils arrivent souvent avec une grande motivation et des objectifs ambitieux, mais aussi avec des habitudes corporelles acquises au fil du temps, parfois peu adaptées à l’activité physique. Certaines approches classiques, bien qu’utilisées avec les meilleures intentions, peuvent limiter leurs progrès ou, pire, augmenter leur risque de blessures. Je vous propose de voir quatre erreurs courantes, souvent sous-estimées, et des pistes concrètes pour les éviter.
Réduire le mouvement à une simple mécanique
L’analyse biomécanique des mouvements – alignements, amplitudes, angles – est souvent au cœur des approches classiques. Mais si ces aspects sont essentiels, ils ne suffisent pas à capturer toute la complexité du mouvement humain.
❌ L’erreur : Négliger les influences neurologiques et perceptives, comme la proprioception ou les réflexes posturaux.
🔬 Ce que la science nous dit : Lephart et al. (2002) ont démontré que la proprioception joue un rôle central dans la prévention des blessures et l'efficacité des gestes sportifs. Un déficit proprioceptif, courant chez les amateurs, peut compromettre leur stabilité et leur contrôle moteur.
✅ Solution : Intégrez des exercices simples mais ciblés, comme des activités d’équilibre ou des stimulations proprioceptives. Ces approches favorisent un contrôle moteur plus précis, réduisant le risque de blessures tout en améliorant la qualité des mouvements. Il est même possible d'utiliser le protocole d'électrostimulation de Romain Tourillon comme je l'ai déjà fait sur l'abducteur de l'hallux !
Sous-estimer l’impact des contraintes cognitives
Les sportifs amateurs jonglent souvent entre entraînements, travail, vie personnelle et obligations multiples. Ce stress quotidien impacte directement leur posture, leur énergie et leur capacité à apprendre de nouveaux mouvements.
❌ L’erreur : Ne pas tenir compte du stress et de ses effets sur les performances sportives et la posture.
🔬 Ce que la science nous dit : McEwen et Gianaros (2011) expliquent que le stress chronique peut provoquer des tensions musculaires (ex. : blocages cervicaux, diaphragme verrouillé) et réduire l’apprentissage moteur.
✅ Solution : Incorporez des exercices de relâchement en début de séance, comme des techniques de respiration ou des mouvements fluides de mobilité. Cela permet de diminuer les tensions mentales et physiques, et de préparer le corps à un entraînement plus efficace.
Ignorer l’importance du système des fascias
Le fascia, ce tissu conjonctif qui enveloppe les muscles, joue un rôle essentiel dans la qualité des mouvements et la transmission des forces. Pourtant, il est encore trop souvent oublié dans les approches traditionnelles.
❌ L’erreur : Ne pas inclure de travail ciblé sur le relâchement et l’élasticité des fascias.
🔬 Ce que la science nous affirme : Schleip et al. (2012) ont montré que des fascias rigides ou "collés" peuvent limiter l’amplitude des mouvements, générer des tensions musculaires et favoriser les douleurs chroniques.
✅ Solution : Intégrez des exercices spécifiques comme des automassages avec rouleaux, des étirements dynamiques ou des mouvements de relâchement myofascial (RMF). Ces pratiques améliorent la souplesse et rendent les mouvements plus fluides et efficaces.
Croire que "plus" signifie "mieux"
Face à une difficulté identifiée, il est tentant de vouloir multiplier les exercices : un peu plus de mobilité ici, un peu plus de renforcement par là. Mais pour les sportifs amateurs, cette surcharge peut rapidement devenir contre-productive.
❌ L’erreur : Proposer des séances trop complexes ou trop chargées, ce qui peut décourager et perturber l’apprentissage moteur.
🔬 Ce que la science nous enseigne : Selon Wulf et Lewthwaite (2016), des consignes simples et un volume d’exercices maîtrisé favorisent une meilleure assimilation des schémas moteurs et des progrès plus durables.
✅ Solution : Simplifiez vos séances. Limitez le nombre d’exercices en vous concentrant sur ceux qui ont un impact direct et réel. La clarté et la simplicité améliorent l’adhésion, et permettent une progression plus fluide et efficace.
Réinventer l’accompagnement des sportifs amateurs
Prendre en charge un sportif amateur, ce n’est pas seulement corriger ses mouvements ou le faire progresser rapidement. C’est comprendre son contexte – physique, mental, neurologique – et construire une approche adaptée, précise et durable.
💡 Et vous ?
Quels défis rencontrez-vous dans vos accompagnements ?
Quelles solutions mettez-vous en place pour éviter ces erreurs courantes ?
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Parce que dans le coaching, ce sont les petits ajustements qui font les grandes différences. 💪
Sources scientifiques :
Tourillon R., Bothorel H., O. McKeon P., Gojanovicb B., Fourcheta F. (2022). Effects of a single electrical stimulation session on foot force production, foot dome stability and dynamic postural control
Lephart, S. M., Pincivero, D. M., Giraido, J. L., & Fu, F. H. (2002). The role of proprioception in the management and rehabilitation of athletic injuries. The American Journal of Sports Medicine, 25(1), 130-137.
McEwen, B. S., & Gianaros, P. J. (2011). Stress- and allostasis-induced brain plasticity. Annual Review of Medicine, 62, 431-445.
Schleip, R., Müller, D. G., & Klingler, W. (2012). Fascial plasticity – A new neurobiological explanation. Journal of Bodywork and Movement Therapies, 17(1), 150-160.
Wulf, G., & Lewthwaite, R. (2016). Optimizing performance through intrinsic motivation and attention for learning: The OPTIMAL theory of motor learning. Psychonomic Bulletin & Review, 23(5), 1382-1414.